Ce week end d'avant noël, je suis allé chez un ami à José, en Normandie, il s'appelle Laurent (un de plus!). Il habite dans un chalet sur un grand terrain boisé, cerclé d'une rivière.
Il vit seul avec sa fille de 12 ans, Ambre et son chien, Qui (!). Ce soir là Laurent recevait un autre ami, Georges (décidément, mais ce Georges là est plus sage) qui revenait d'un séjour en Chine. De les avoir rencontrés m'a apporté beaucoup de bien et m'a apaisé un bon moment. Ambre est très vivante et sa vitalité s'est répandue dans toute la pièce, le fait qu'elle soit chez les scouts doit y être pour beaucoup. Laurent, comme tu peux t'en douter, aime la nature et s'efforce d'atteindre la maitrise de soi, il s'intéresse au monde spirituel. Par ailleurs, il chine beaucoup et son chalet est plein de trouvailles qu'il a accumulé. Avant le numérique, il était photographe en freelance, une bonne part de ses trouvailles doivent venir de ses nombreux voyages.
Au lendemain de cette soirée, Laurent a voulu que je lise à voix haute un passage de son livre de chevet, je ne me souviens plus du titre il faudra que je redemande à José
(le livre était Le Prophète de Khalil Gibran). Le passage parlait de la mort ou plus exactement des personnes chère que l'on perd. J'étais intimidé à l'idée de me lancer, tu me connais ;°( et pourtant j'ai pu lire sans complexe et de façon claire. Je comprends ce qu'il veux me transmettre, je le sais d'ailleurs déjà au fond de moi. Mais de le vivre ce n'est vraiment pas simple, et loin d'être inné. Le passé parfois me surgit à la mémoire sans même que j'y pense à l'avance. Il ne suffit pas de vouloir poursuivre sa vie, de vouloir aller de l'avant pour aller bien ou mieux.
De t'avoir perdue sur Terre a provoqué en moi plus qu'une perte. Je ne souffre pas de ce que nous ne vivrons plus mais de ce que nous ne vivrons pas. C'est perturbant de se voir vivre malgré la mort de sa moitié. Il y a de quoi perdre le sens de la vie. On en vient à se demander à quoi bon après s'être rebellé à demander pourquoi.
Pourtant nous savons malgré tout, la vie étant toujours en nous, qu'il faut nous relever, ne pas nous apitoyer sur nous-mêmes, aller de l'avant!
Oui, je le sais mais tout de même, ceux là mêmes qui nous encouragent de paroles à ce que nous refassions notre vie, sont-ils eux-mêmes prêts à nous voir redevenir heureux? Et ceux là même qui oseraient juger, savent-ils distinguer le bonheur de la douleur, savent-ils déceler une souffrance derrière un rire?
Comme on vit en couple, il faut vivre son deuil en se protégeant des yeux du dehors. Rares sont les personnes qui souhaitent sincèrement le bonheur de l'autre.
Tequila est parti deux jours après cette soirée; avant cette nouvelle année, ce nouveau chapitre de ma vie. A présent, plus personne ne dépend de moi, excepté ma mère, sentimentalement. Si j'étais sûre et moins trouillard, je pourrais presque vous rejoindre. En même temps, je suis aussi là parceque je vais encore de l'avant, malgré mes peines et mes tourments. C'est ainsi que j'en ai conclu qu'un deuil ne finissait jamais et que je vivrai avec malgré tout.
A bientôt tout de même.